Commentaire sur le programme d’éradication de la polio en
Afghanistan dans le contexte de la prise du pouvoir par les Talibans
M. Zaffran 17 août 2021
Dans le passé les Talibans n’ont jamais été opposés au programme
d’éradication de la polio. En fait ils ont même appuyé les programmes de
vaccination et en particulier les efforts de l’IMEP pour éradiquer la polio.
Il est toutefois vrai qu’au cours de des dernières années,
l’intensification des combats et l’accroissement du nombre d’attaques par des drones,
ont conduit les Talibans à adopter une attitude plus rigide. Ils ont ainsi interdit
les campagnes de vaccination contre la polio dans les zones sous leur contrôle.
La raison de cette interdiction n’était pas une opposition de
principe au programme mais une crainte, qu’autoriser des personnes originaires
d’autres régions du pays à conduire des activités de vaccination de « porte
à porte » serait une occasion pour ces visiteurs de collecter des informations
sensibles sur les lieux et les habitants qui pourraient ensuite être utilisées
pour des attaques contre eux par drone.
Le contrôle du pays par les Talibans va avoir un énorme impact sur
le pays et sa population et en particulier sur la condition les femmes et des
filles. La guerre a eu un impact
terrible sur la population et la cessation rapide des hostilités, quoique
surprenante, a toutefois permis de réduire le nombre de victimes dans les populations
civiles, et d’éviter que le personnel de santé et les vaccinateurs ne
deviennent des victimes collatérales des combats.
On peut légitimement espérer que les Talibans vont soutenir les activités
de vaccination où elles avaient été interdites depuis le début de l’année 2018.
Récemment, dans le cadre de négociations conduites à Doha par les responsables
du programme Polio, les talibans avaient d’ailleurs officiellement autorisé que
des campagnes soient conduites de « mosquée en mosquée ».
Par ailleurs, il est important noter que la circulation indigène
du virus de la polio a été interrompue par deux fois dans le pays, le plus
récemment en 2016, avant qu’il ne soit réintroduit à partir du Pakistan.
L’amélioration actuelle de la situation épidémiologique au Pakistan permet
d’espérer que les deux pays pourront à courte échéance, ensemble, interrompre
une fois pour toutes la circulation du virus